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lundi 26 août 2013

Un tour du monde avec Nusret Colpan

Planisphère, Nusret Colpan


Envie d’une évasion vers d’autres lieux et contrées ? Embarquez-vous alors en compagnie de Nusret Colpan et de ses magnifiques miniatures pour un voyage aux quatre coins du globe.
Nusret Colpan naquit en 1958 à Bandirma (Turquie) et mourut... d’une maladie cardiaque à l’âge précoce de 55 ans à Istanbul. Son œuvre fut particulièrement influencée par celle du savant et cartographe du XVIe siècle Matrakci Nasuh. Néanmoins, l’artiste sut avec talent éviter l’écueil d’une reproduction stérile pour revisiter l’art de la miniature en y introduisant des thèmes, une sensibilité et des techniques modernes. L’œuvre de Nusret Colpan se caractérise par un emploi récurrent de la spirale tant sous la forme de ces petits nuages à la chinoise que l’on voit disséminées un peu partout dans la composition que dans des mouvements amples se propageant telle une onde jusqu’aux extrémités du tableau. Faut-il y voir là le symbole d’un amour universel emportant dans une dynamique cosmique l’ensemble de l’humanité et du monde ? Pourquoi pas ? En tout cas, on peut facilement déceler l’influence du soufisme dans le travail artistique de Nusret Colpan.
Le nombre de miniatures réalisées par l’artiste s’élève à plus de trois cents. Il représenta essentiellement les villes du monde, en particulier Istanbul, mais puisa également son inspiration dans l’histoire et la spiritualité, comme en témoignent des peintures telles que La chute de Constantinople, Les derviches tourneurs ou L’Arche de Noé.
Les miniatures de Nusret Colpan, par les invitations au voyage planétaire et temporel qu’elles nous adressent, constituent autant de traits-d’union entre l’Est et l’Ouest et entre le présent et le passé.


Konya

Médine


Dubaï

Le pont de Mostar
 

L'Australie

Istanbul


Paris

L'Arche de Noé

lundi 5 août 2013

Sahibdin : Malavi Ragini : une atmosphère érotique



De larges aplats de couleurs vives et contrastées. Un cyprès dressé comme une lance et un feuillage en effervescence. Un dôme et une paire de pots aux courbes sensuelles et d'une blancheur laiteuse. Une servante sur le point de s'éclipser. Dans cette remarquable peinture de Sahibdin, les symboles érotiques du décor installent une atmosphère empreinte de sensualité. Les couleurs avec leurs tons saturés révèlent l'ardeur des désirs amoureux consumant les cœurs et les corps des deux amants. Ceux-ci, bras dessus bras dessus, les yeux dans les yeux, une guirlande de fleurs à la main, se dirigent vers la chambre où les attend la couche conjugale.
Cette miniature, intitulée Malavi Ragini, est extraite d'un ragamala, c'est-à-dire un recueil de peintures illustrant des thèmes musicaux basés sur l'évocation des moments ou des états-d'âme en lien avec l'amour. La peinture est signée du nom de Sahibdin. Cet artiste de la région du Mewar, dans l'état du Rajasthan, passe pour avoir dominé et renouvelé de son trait la peinture rajpoute au XVIIe siècle. Il fut l'un des premiers à réaliser une synthèse harmonieuse entre le vocabulaire esthétique hérité des moghols et les formes artistiques traditionnelles du Rajasthan. Dans l’œuvre ci-dessus, l'influence moghole se décèle dans le soin apporté au détail, particulièrement dans le rendu des tenues vestimentaires, comme la délicate blouse blanche en mousseline du prince.
Bien que musulman, Sahibdin se consacra essentiellement à l'illustration de sujets inspirés du répertoire mythologique et des textes sacrés hindous. L'artiste acquit la notoriété avec sa série des ragamala qu'il illustra avec une palette d'une belle fraîcheur et des scènes d'une forte intensité émotionnelle. Malavi Ragini constitue l'un des exemples les plus aboutis de cette série.
Il est temps à présent pour nous aussi de nous retirer discrètement et de laisser les amoureux à leur intimité. Mais avant, prenons quelques secondes pour savourer ces vers du poète Narada déposés au-dessus de la scène :
"La dame à la belle taille avait déjà goûté de ses lèvres à son beau visage de lotus. Son teint était aussi éclatant que le plumage d'un oiseau exotique... A la brune, il pénétra dans le pavillon des rendez-vous galants, une guirlande de fleurs à la main. Ainsi est l'incomparable souverain de Malava Raga."



jeudi 1 août 2013

Mahesh : Le jardin d'Akbar

Le jardin d'Akbar, Mahesh, école moghole, tiré du livre du Diwan d'Anvari, 1588



Depuis l’époque de Babur, les Moghols furent de fervents amoureux de la nature. Nombreuses sont les miniatures qui nous les dépeignent se délassant dans un magnifique jardin ou supervisant son aménagement.
Au cours des siècles, les jardins moghols subirent des évolutions marquantes et chacun d'eux se présente à nous comme le reflet de la personnalité et des états-d'âme du souverain qui l'a commandité. On peut même y déceler sa conception de l'autorité royale. Ainsi, les parcs paysagers édifiés par Shah Jehan, comme celui du Taj Mahal, nous impressionnent par leur magnificence. Structurés selon un plan d’une géométrie rigoureuse, les différents espaces se répartissent de part et d'autre de larges perspectives qui se déploient comme des allées triomphales.
La miniature ci-dessus nous montre un jardin à l’époque d’Akbar. Deux jardiniers à pied d’œuvre s’activent à son embellissement. L’œuvre est attribuée à Mahesh, l’un des dix-sept peintres que compta l’atelier impérial. Il est le seul parmi eux à avoir reçu l'insigne honneur de voir son nom mentionné dans la grande biographie de l'empereur rédigée par l’historien de cour Abu Fazl.
Le jardin d’Akbar nous étonne par son originalité. Il nous révèle la personnalité chaleureuse du souverain et le syncrétisme culturel qu’il pratiqua durant son règne. Arbres et fleurs se côtoient dans une joyeuse profusion et mélange des genres. Aucun espace n’est clairement défini, même la symétrie, pourtant si prégnante dans l'art islamique, n’est respectée. Le jardin nous donne l’impression d’être livré à la générosité et au bon vouloir des lois naturelles. Mais on devine que derrière ce désordre apparent, une volonté savante et réfléchie a dû guider la main des ouvriers. Ce jardin exemplifie d’une certaine manière la politique habile, faite d’alliances matrimoniales et d’ouverture œcuménique, qu’Akbar sut mettre en œuvre pour unifier sous son autorité, dans une coexistence pacifique, l’extraordinaire mosaïque des peuples et des religions composant son empire.
La miniature comporte deux cartouches dans lesquelles les premiers vers d'un poème sont insérés. Ils nous invitent au bonheur et à pénétrer dans le délicieux jardin :
C'est le jour du jardin, des réjouissances et de la joie
C'est le jour du marché de la rose et du basilic
La poussière s'est mélangée avec le musc et l'ambre
La robe du zéphyr répand mille parfums et senteurs.


Babur supervisant la construction d'un jardin


Détail